Une œuvre d'art est une parabole, c'est la pensée de l'homme, une idée personnelle d'un artiste, une chanson sur la beauté des choses: une œuvre d'art est l'expression noble et particulière de l'homme qui est capable de plus que de dire simplement: «N'est-ce pas magnifique?». August Macke
Franz Marc appelait son ami August Macke «Monsieur Couleur», tant celui-ci n’était qu’émotions en couleurs. Mais bref, infiniment bref, fut son passage terrestre. Sorte de Rimbaud de l’expressionnisme, il laisse pourtant une peinture certes encore en devenir, mais déjà d’une grande profondeur et totalement unique.
Il était la face lumineuse de l’expressionnisme allemand, alliant formes et couleurs dans une recherche sereine d’harmonie. Il n’était pas enfermé dans le nationalisme étroit d’une école allemande comme les peintres de Die Brücke, mais voulait aller à l’universel avec une grande ouverture d’esprit, et pourtant il est parti fleur au fusil se faire tuer dans les tranchées, pour lutter contre la France, alors que les peintres français comme Delaunay, Manet étaient son bréviaire, mais il croyait à une sorte de «purification» de la société par la guerre, il aspirait à une apocalypse bienfaitrice.
Ce jeune homme, éternellement jeune homme, n’avait pas trop d’inquiétudes sous-jacentes, ni une vision pessimiste du monde; il semblait avoir «une vision du paradis», et ses personnages se promènent à Berlin dans des parcs pleins de soleil et de couleurs: tout est calme, luxe et volupté.
Sans doute pressé par le sablier du destin, il traverse à toute allure toutes les étapes de la vie d’un peintre. En moins de six années de travail forcené, il dévore et assimile les influences les plus diverses: l’impressionnisme, le futurisme, le cubisme et l’expressionnisme. Et de toutes ces fleurs il fait son miel unique.
Peintre voyant, fiévreux, August Macke aura parcouru toutes les tendances picturales de son temps, en les magnifiant toutes.
Comme le disait Kirchner, il voulait mettre en avant «le besoin pur et naïf de réunir harmonieusement l’art et la vie.»
Brève fut sa vie, brève fut sa carrière artistique, et pourtant au bord de l’abstraction, il avait trouvé son style et son amour de la lumière pourra éclater une dernière fois dans ses 38 aquarelles et ses 110 dessins, du court voyage à Tunis au printemps 1914. 
La couleur, la couleur pure, fut sa quête, sa recherche de l’azur, son illumination: «J'ai mis maintenant tout mon salut dans la recherche de la couleur pure».
La couleur et lui ne feront plus qu’un.
Il était devenu «Monsieur Couleur».